Inscrit dans l’immense architecture du Palais du Louvre, le Musée des Arts décoratifs pâlit quelque peu de l’ombre immense du musée le plus fréquenté au monde. Et pourtant, il suffit de longer un peu les façades de l’édifice pour découvrir un musée qui, force est de le constater, ne porte pas si bien son nom, tant la richesse et la variété des collections va bien au-delà des seuls “arts déco”. Le Musée des Arts décoratifs est, en effet, un passionnant musée du design, considéré sous ses différentes formes et expressions. L’exposition bicéphale qui s’y tient jusqu’au 12 juin en est une illustration. En faisant judicieusement le lien (esthétique, historique, sociologique) entre passé et présent, elle démontre combien la création est un éternel recommencement qui se nourrit, s’augmente de sa propre réflexion, elle ouvre une fenêtre sur ce que sera demain.
“Faire le mur ! Quatre siècles de papiers peints” / “Pierre Frey, tissus inspirés” : dévoile une partie des collections rarement montrées au public du fait de la fragilité des pièces : aussi, il ne faut pas manquer l’occasion de découvrir, dans une scénographie originale faite de superpositions de plans, un florilège de lés de papiers peints, qui se découvrent comme on déroule une histoire ou comme s’enchaînent les différents mouvements d’une symphonie. Au pupitre, Véronique de la Hougue, conservateur en chef du département des papiers peints a extrait parmi les près de 400 000 pièces des collections, un choix d’éléments à motifs répétitifs, bordures et frises, camées ou attiques, dominos, papiers chinois, papiers peints à la main, papiers panoramiques et décors… qui dressent quatre siècles de savoir-faire, inventivité et imagination. Délaissant l’ordonnancement chronologique, six salles déploient des voisinages aussi inattendus qu’inspirants : papier Porte trompe-l’œil de Maison Martin Margiela (2010), papier Skeleton de Studio Job (2008), luxuriant Eden de Joseph Fuchs (1861) ou encore Lendemain de fête de Leonor Fini (1948)…
En prolongement, coup de projecteur sur la maison Pierre Frey. Fondée en 1935, elle crée édite et fabrique des tissus et papiers peints : une sélection d’objets et mobilier issus des collections du Musée des Arts décoratifs entre ainsi en résonance parfois amusée, souvent éloquente, avec des pièces de l’illustre établissement parisien. Afin de cheminer au long de 80 ans de création, le parcours chronologique a été privilégié pour montrer la diversité via 200 pièces qui mettent en lumière les collaborations artistiques. Le dispositif est complété par l’accrochage de quatre collections capsules de designers contemporains : Julien Colombier, Benjamin Graindorge, Marcel Wanders, Nao Tamura s’emparent chacun d’une décennie qu’ils ré-interprètent. Enfin sept artistes, parmi lesquels Julien Salaud, font revivre l’esprit de la maison.
Yamina Benaï
“Faire le mur ! Quatre siècles de papiers peints au Musée des Arts décoratifs”, “Tissus inspirés Pierre Frey”, du 21 janvier au 12 juin, Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris, www.lesartsdecoratifs.fr : tél. : 01 44 55 57 50.
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