D’abord sont nés les chemisiers à cols longs et les petits gilets. Puis la garde-robe s’est étoffée de modèles emblématiques, des hauts feuilles aux jupes châles en passant par les maillots de bain et les mythiques sacs poisson. Des pièces phares du prêt-à-porter signées Emmanuelle Khanh, et qui retracent l’histoire de ses collections des années 1960 à l’aube des années 2000. La créatrice française met en vente 200 best-sellers à l’occasion de la 20e édition du Salon du Vintage. À quelques jours de l’événement, elle nous ouvre les portes de son appartement et revient sur ses années couture.
Par Julia Macarez
Cigarette à la main, ses éternelles lunettes noires à strass mats sur le nez, Emmanuelle Khanh n’a pas perdu son sourire, encore moins son rire tellement reconnaissable. Il émane d’elle comme une innocence enfantine, la même qui transparaît lorsqu’elle nous présente son chat, « Mme Princesse ». En regardant les archives de magazines dont elle a fait la couverture, elle se souvient de ce qui l’a poussée dans la création : « mon idée était de redonner aux femmes leur gaité à travers les vêtements. À l’époque, on ne trouvait rien pour s’habiller, tout dépendait des petites couturières de quartiers. Alors j’ai commencé à créer des choses que j’avais moi-même envie de porter. » Jusqu’au jour où un grand magazine féminin lui propose de photographier toute sa garde-robe. « C’est allé très vite, un vrai tourbillon. Puis j’ai continué à travailler en pensant aux femmes, leurs facettes, leurs activités. »
L’éventail se déploie : jupe culotte et petit polo pour Cacharel, collections pour Max Mara, parapluies transparents, robes drapeaux, blazers trompe-l’oeil, pantalons boyscoot et jupes grappes de raisins. « Les femmes sont d’autant plus belles si elles sont elles-mêmes. Je voulais les habiller pour qu’elles se sentent bien, sans jamais rien perdre de leur féminité » explique l’intéressée.
Du prêt-à-porter dont on souligne aujourd’hui le savoir-faire et la précision dans la confection. L’attention portée à la maille, les détails dans la broderie, la minutie ont fait de ces vêtements des intemporels, comme le fameux pull-chenille, que l’on observait il y a trente ans sur Catherine Deneuve et Isabelle Adjani, sans pour autant paraître aujourd’hui daté. « La mode de la rue a bien changé, elle est devenue sinistre, du prêt-à-jeter. Les femmes ne se mettent plus en valeur, ne pensent plus à leur propre personnalité, c’est dommage. » Car au-delà de la qualité des tissus et de l’actualité des modèles, c’est une réelle tendresse qui transparaît dans les collections d’Emmanuelle Khanh, une attention sincère et toute personnelle portée aux femmes. « J’ai toujours travaillé avec beaucoup d’amour. » Entre douceur et joie de vivre, les pièces sont sur le point de faire des heureuses. « Je préfère la vie à la postérité. Il faut que ces pièces soient portées, je les ai faites pour cela». Vivement ce week-end.
Salon du vintage
Samedi 15 et dimanche 16 octobre au Carreau du Temple, Paris 3e
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