Quand les boutiques de luxe se conjuguent avec l’art contemporain, l’“expérience” du lieu prend une ampleur inédite. Telle est la marque de fabrique de Peter Marino. Un beau livre retrace ses trois décennies de collaborations avec les artistes.
Par Yamina Benaï
Tout de cuir noir, casquette cloutée et bottes de motard, Peter Marino campe une silhouette inattendue dans le monde codé du luxe. Qui d’autre que lui pourrait s’octroyer cette liberté stylistique, tout en s’assurant l’oreille attentive des puissants? Personne. Car depuis sa mise en orbite en 1984 à la faveur de son intervention pour le grand magasin Barneys à New York, il est de notoriété que le Marino manifesto tient en deux volets principaux: préserver l’identité de la marque, augmenter les ventes. Peu de temps avant, il avait réorchestré la Factory d’Andy Warhol puis les appartements de Bergé et Saint Laurent à l’hôtel Pierre.
En quelques mouvements, donc, le diplômé du Cornell’s College of Architecture avait acquis un laissez-passer à durée illimitée. Tant la suite rassemble un aréopage de griffes, parfois concurrentes, pour lesquelles, force est de constater que Marino a transfiguré l’impact du contenant sur le contenu. En attribuant à la boutique, non plus la seule fonction de point de vente mais de dispensateur d’expérience, Marino assure au lieu une pérennité, valeur ô combien volatile. Et pour sublimer l’acte d’achat, Marino a, depuis une trentaine d’années, sollicité des artistes autour de commandes spécifiques, de la sculpture à la vidéo, en passant par la peinture et l’installation.
En adoptant un parcours chronologique à travers 37 commandes, parmi les 250 qui jalonnent ses différents chantiers autour du monde, l’ouvrage Art Architecture éclaire le modus operandi de Marino, émaillé de ses propres commentaires. La richesse esthétique des collaborations ainsi mises en relief souligne le triple apport de Marino: aux artistes – auxquels une visibilité originale est proposée –, à la clientèle – par la nouvelle densité sensorielle que constitue le voisinage des œuvres, et aux marques – dont il magnifie les espaces de vente.
“Peter Marino: Art Architecture”, préface de Gay Gassmann (éd. Phaidon). Signature de Peter Marino le 26 septembre à la Fondation Louis-Vuitton.
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