À Rome, le Palazzo Fendi est un spectaculaire écrin dédié au savoir-faire de la maison qui, depuis plus de 90 ans, symbolise le luxe, l’excellence et l’élégance à l’italienne.
Par Christian-Luc Parison
Les belles maisons ont toujours une histoire. Celle du Palazzo Fendi s’inscrit dans le passé aristocratique de Rome. Ce superbe palais de style palladien, construit au XVIIIe siècle au cœur du centre historique de la Ville éternelle, a été aménagé en 1902 à la demande du prince Boncompagni, qui voulait en faire la résidence d’une partie de son illustre famille – elle compte parmi ses ancêtres du xvie siècle le pape Grégoire XIII. L’architecte Gaetano Koch l’avait alors transformé en une merveille d’architecture néoclassique. Le bâtiment, qui domine ce qui est devenu le Largo Goldoni, à l’entrée de la Via dei Condotti, a été revu en 2014. “Le Palazzo Fendi n’est pas seulement notre plus grande boutique au monde, c’est bien plus qu’un magasin, estime Pietro Beccari, le PDG de Fendi. Il s’agit d’un emblème, d’un symbole de ce que nous sommes. Aucun autre endroit ne permet d’appréhender aussi facilement notre vision très précise et très personnelle du luxe.”
MILLE MÈTRES CARRÉS DE RAFFINEMENT
Il y a deux façons d’entrer dans le Palazzo. La plus évidente est de pousser la porte vitrée de la boutique ouverte sur le Largo Carlo Goldoni. Plus discrète, l’entrée qui mène aux suites se cache à quelques mètres, Via della Fontanella di Borghese. Mais commençons par la boutique : mille mètres carrés de beauté et de raffinement. Murs en travertin blanc, escalier monumental en marbre rouge sombre veiné pour accéder au premier étage – un marbre que l’on retrouvera dans les salles de bains et sur le mur près de la bibliothèque du troisième étage. L’architecte Gwenaël Nicolas a enrichi le bâtiment d’éléments inspirés de l’architecture romaine de l’entre-deux-guerres: en clin d’œil au Palazzo della Civiltà Italiana – le nouveau siège social de Fendi dans le quartier d’affaires EUR, qu’il a aménagé l’an dernier –, il a reproduit sur un mur les fameuses arches, symboles de ce monument des années 1930.
Les collections Fendi sont admirablement mises en valeur dans une orchestration recherchée. Le travail des artisans de la maison est présenté pour ce qu’il est : une œuvre d’art qui se décline sous forme de tableaux – triangles de fourrure tendus par les inévitables épingles, “Baguette Wall” où les sacs iconiques sont suspendus à un mur hérissé de centaines de pointes de cuivre, etc. À l’étage, on s’arrête devant une baie vitrée : dans l’atelier de fourrure qu’elle isole, les artisans qui ont fait depuis des décennies la réputation de la marque travaillent, rasant une peau, teignant une autre, assemblant des pièces d’une finesse et d’une légèreté remarquables.
ŒUVRES D’ART ET PANORAMA D’EXCEPTION
Les quelques clients qui ont le bonheur de séjourner dans l’une des sept suites du Palazzo sont accueillis dans une petite réception et invités à emprunter l’ascenseur direct pour le troisième étage. Nouvel accueil, tout aussi sou- riant, de la jeune concierge qui règne sur ce lieu exclusif. Outre les chambres d’une belle superficie (près de cinquante mètres carrés pour la plus vaste), l’étage abrite deux salons. Comme dans tout le Palazzo, le mobilier griffé côtoie les œuvres d’art: ici, le canapé en fourrure est signé des frères Campana, là les fauteuils sont de Fritz Hansen et, près de la bibliothèque garnie de livres d’art, trônent des sacs “Baguette” réinterprétés par des artistes contemporains. Sans oublier les photos en noir et blanc de Karl Lagerfeld, qui ornent les murs des suites. Tout porte le sceau de la qualité, sans ostentation. Les rappels à l’univers Fendi sont permanents, mais discrets. Fourrure encadrée au-dessus du lit, grand canapé en cuir surpiqué, photos de Rome par KL, mais aussi œuvres d’artistes présentés par la galerie Mazzoleni : Lucio Fontana, Agostino Bonalumi, Getulio Alviani, Nunzio ou Josef Albers. La paire d’haltères design posée au sol est une invitation non déguisée à rester en forme et l’iPad à disposition est chargé de moult conseils de visite et de shopping. Mais ce qui assure le succès de ce refuge cosy, c’est la vue. Les hautes fenêtres offrent un panorama d’exception, avec la Via dei Condotti et la Piazza di Spagna dominée par l’église de la Trinité des Monts en face, la Via del Corso et la Piazza del Popolo sur la gauche, etc.
Pour le petit-déjeuner, il suffit de grimper un étage pour découvrir le restaurant Zuma, sa terrasse, sa cuisine japonaise, son service stylé. Après Londres, Hong Kong, Miami, New York, Istanbul ou Dubaï, avant Las Vegas, le chef allemand Rainer Becker vient d’ouvrir sa dixième adresse. Ambiance izakaya (auberge japonaise traditionnelle) dessinée par l’architecte Noriyoshi Muramatsu, qui s’est attaché à respecter l’esprit du Palazzo en incorporant les quatre éléments : terre, feu, eau et air. Beaucoup de bois sculpté, de céramiques, de bambous, de références aux tuiles kawara des toitures du Tokyo d’autrefois. Au dernier étage, sur la terrasse, le bar lounge est devenu, en moins de six mois, le lieu où il faut venir prendre un verre et écouter le DJ en résidence. Après tant de splendeurs, difficile de redescendre sur terre…
Fendi Private Suites, Via della Fontanella di Borghese, 48, Rome. www.fendiprivatesuites.com
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