Le mariage de la carpe et du lapin people ne cesse de nous surprendre, qu’elle soit supermodel et lui magnat de la presse, ou l’une star de Hollywood et l’autre troubadour hipster. Ces couples fascinent, amusent ou provoquent les sarcasmes sur les réseaux sociaux. Et si quelques-unes de ces histoires n’ont tenu que le temps d’une saison tabloïd, d’autres accèdent au statut de mythe…
Par Laureen Parslow
Les stars, êtres imprévisibles et passionnés, prennent souvent des décisions qui défient notre esprit cartésien (et quelquefois bourré de préjugés). Et plus étrange encore que de prénommer leurs enfants en hommage à des chefs sioux, leurs choix amoureux nous laissent carrément pantois. D’autant plus qu’à notre époque où les relations amoureuses sont présidées par des algorithmes, des rencontres géolocalisées et des sites de dating où s’applique une exigence rigoureuse en termes de critères et valeurs communes pour mieux sélectionner l’âme sœur, rien n’est laissé au hasard. D’ailleurs, dans son livre Data, a Love Story, Amy Webb démontre que le couple parfait n’est rien d’autre que le fruit d’équations mathématiques et de données quantitatives qui vont corréler avec nos attentes, elles‐mêmes calculées sur des tableurs Excel… Est‐ce donc la raison pour laquelle, régulièrement, certains couples de célébrités nous font sortir les yeux des orbites ? Exemple : celui de Mary‐Kate Olsen, actrice et fashionista, et Olivier Sarkozy, demi‐frère de notre ancien Président. Tout les sépare – âge, taille, profession, pays, cercles d’amis, goûts vestimentaires – et pourtant ils s’apprêtent à convoler en justes noces. Des commentaires dubitatifs flirtant avec le dégoût pullulent sur les sites de gossip depuis l’officialisation du couple. À nos yeux, la grande improbabilité de ce couple renforce l’impression que son amour est sincère, marqué par de nombreux PDA – pour public display of affection (démonstrations publiques d’affection) – et déclarations touchantes dans les médias. Subitement, l’habitude control freak de la star qui calcule au millimètre chaque apparition, ses guerres livrées contre les paparazzades, les phrases toutes faites en conférence de presse, volent en éclat. L’amour est‐il vraiment aveugle ?
IL ÉTAIT UNE FOIS…
“J’ai l’habitude de rencontrer des couples avec beaucoup de différences apparentes, et qui existent réellement, mais elles vont renforcer, confirmer quelque chose de soi que l’on a profondément, décrypte Alice de Lara, thérapeute et conseillère conjugale à Paris. Ou vous allez être touché par une personne qui est différente, qui a une autre façon de penser, et du coup cela vous séduit, en ouvrant le champ du possible. Et puis ne nous leurrons pas, même si ça nous échappe de l’extérieur, la dynamique de ces couples repose sur une relation donnant‐donnant. Une suprématie physique, intellectuelle ou financière va susciter l’admiration de l’autre et ainsi créer un système de dépendance. Ou en creusant un peu, on découvre qu’ils ont des passés ou des références similaires. Finalement, ces couples weird ne le sont pas tant que ça !” Et rappelons‐le, les contes ancestraux et les plus grandes œuvres de la littérature contemporaines et du 7e art ne cessent de raconter la même rengaine, celle de l’amour impossible qui triomphe des différences sociales, culturelles, géographiques. Mais est‐ce que la réalité peut vraiment dépasser la fiction et son “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants” ? D’expérience, Alice de Lara n’y croit pas trop : “Si on ne s’entend pas sur les choses essentielles de la vie, ça va coincer. Les avantages à être différents vont s’effriter avec le temps. On peut espérer que l’autre change et c’est en général à ce moment que les différences deviennent insupportables, alors on se sépare.” Vérifions avec les principales typologies de ces étranges couples célèbres.
TROP BELLE POUR TOI
Ce combo, qu’on appelle aussi la belle et la bête, est voué à l’échec parce que, souvent, il y a anguille sous roche. On a beaucoup douté de l’amour que la pin‐up Anna Nicole Smith portait à son milliardaire octogénaire, J. Howard Marshall, comme celui de la sublime Ava Gardner, qui épousa au début de sa carrière à Hollywood l’acteur star Mickey Rooney, pas vraiment gâté par la nature physiquement. Pourtant l’actrice a toujours nié s’être mariée par intérêt : “Il n’ était pas ce que j’appellerais un beau mec, mais il avait vraiment quelque chose de séduisant.” L’autre belle plante qui décèle la beauté intérieure des laids, c’est la rousse qui fait fantasmer tous les hommes de la planète, Christina Hendricks, tombée sous le charme de Geoffrey Arend, acteur de seconde zone au physique d’employé de Microsoft, qu’elle a épousé. La clé de l’énigme pourrait être que, outre le fait que Geoffrey la fait rire, Christina a été persécutée à l’école et a eu son lot d’années de vilain petit canard. Et que dire du couple formé par Jerry Hall, ex-madame Mick Jagger, et le milliardaire australien de 85 ans, Rupert Murdoch, qui laisse la planète fashion pantoise?
Barbara Streisand & André Agassi (1992)
ET POURTANT TOUT LES SÉPARAIT
On a beau chercher, on ne comprend pas ce qu’ils font ensemble. Comme Kristen Stewart, star malgré elle, récemment tombée sous le charme de la petite Française Soko, actrice/musicienne/végétarienne qui recherche désespérément sa voie mais aussi la lumière des sunlights et, accessoirement, les flashs des paparazzis. Ces couples schizos ont en général une date de péremption rapide, parce que leurs différences vont s’avérer insurmontables. C’est ce qui s’est passé entre Courtney Love et Edward Norton. La riot grrrl trash et défoncée, veuve de Kurt Cobain, s’amourache, sur le tournage de Larry Flynt, de l’acteur cérébral au look de gendre idéal. Leur histoire dure quand même deux ans, avant que la cyclothymique Courtney décide d’abandonner Ed lors d’une randonnée en Écosse… pour aller à un concert d’Oasis ! Même schéma inversé qui continue de nous hanter : le couple Jack White et Renée Zellweger. Ou quand l’actrice texane héroïne des sirupeux Bridget Jones, plus portée sur les régimes draconiens que sur le sexe, drogue & rock’n’roll, tombe amoureuse du leader instable de White Stripes. “Une fille rangée va aimer le côté aventure, adrénaline du bad boy, parce que, au fond, elle en a besoin”, explique Alice de Lara. Alors qu’en sera‐t‐il de la durée de vie du couple improbable Jennifer Aniston‐Justin Theroux ? Ils alignent les incompatibilités : elle vit à L.A., lui à NYC ; elle aime le yoga et les jus détox, lui les tatouages et la moto – sans compter qu’il collectionne les dents humaines…
LE DÉMON DE MIDI
Compte tenu du vieillissement rapide de la population mondiale, ce type de couple ne choque plus vraiment, mais cela n’a pas toujours été le cas. Quand son pote Franck Sinatra, 50 ans, épouse la jeunette Mia Farrow, 21 ans, en 1966, Dean Martin déclare pour marquer sa désapprobation : “J’ai à la maison du whisky plus âgé que Mia.” Les théories se forment: il est victime du démon de midi, elle recherche une figure paternelle. Les amoureux résistent à cette pression, jusqu’au jour où Mia se coupe les cheveux (son plus grand choix de carrière) pour son mariage. Franck l’a mauvaise, mais ce seront finalement leurs centres d’intérêt respectifs qui vont creuser le fossé anachronique : trips au LSD et méditation transcendantale pour elle, soirées à Las Vegas et bourbon pour lui. Quelques décennies plus tard, Demi Moore inaugure l’ère des cougars en s’affichant, à 41 ans, avec Ashton Kutcher, la vingtaine, héros de la sitcom pour ados That ’70s Show. Tout le monde s’étonne du successeur de Bruce Willis et leur histoire durera de 2005 à 2011. Mais le couple age gap peut aussi se bonifier avec le temps, comme en atteste l’histoire entre Roman Polanski et Emmanuelle Seigner, mariés depuis vingt‐sept ans malgré leurs trente‐trois d’écart. Leur secret? “Nous sommes deux ados attardés”, a confié Emmanuelle.
LE TOP DES COUPLES IMPROBABLES
Sofia Coppola & Quentin Tarantino (2004), Stephanie Seymour & Axl Rose (1992), Mia Farrow & Frank Sinatra (1966)
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