Figure incernable de la scène artistique parisienne, Mathias Kiss oscille quelque part entre un art total et une défense acharnée de l’artisanat traditionnel. Deux notions qu’il réunit, encore une fois, dans Golden Snake, installation labyrinthique qui sera dévoilée demain au Palais de Tokyo, dans le cadre de l’exposition « Double Je ». Rencontre éclair avec un artiste aux opinions bien tranchées.
Propos recueillis par Eugénie Adda
Vous présentez, dans le cadre de l’exposition Double Je au Palais de Tokyo,une nouvelle installation. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Cette installation est la continuité d’un travail sur l’angle droit à travers la déformation de matériaux rigides…Je m’intéresse à la perception contemporaine des codes passés et futurs de l’habitat.
Votre travail questionne les liens entre art contemporain et artisanat. Selon vous, ces deux disciplines sont-elles trop éloignées aujourd’hui ?
Eloignées ? Opposées ! Les uns méprisent les autres et les autres leur rendent bien. Je me sens un peu seul sur ce terrain…
Vous êtes formé chez les compagnons avant de travailler 15 ans dans la restauration de
monuments historiques. En quoi ce parcours nourrit-il votre travail ?
Je ne me suis pas formé, mais eux m’ont formé ! Après un apprentissage chez des artisans j’ai fait 15
ans de restauration chez eux. J’aime à dire je n’ai pas été formé mais élevé par eux. Aujourd’hui je leur dois tout, mais j’ai envie de couper la tête du père.
Vous signez également quelques pièces de design et la décoration de certains lieux éphémères. L’art doit-il selon vous conserver une dimension utilitaire ?
Surtout pas ! Je ne m’occupe jamais de la dimension utilitaire, je déteste ça. Je n’ai pas de véritable quotidien dans une maison, je n’ai jamais cuisiné, jamais acheté un objet utile. Je vis dans une installation en dehors du temps, ce qui me conforte dans mes narrations inutiles. Même si une sculpture peut servir à lacer sa chaussure ou de porte manteau, ce n’est pas moi qui les mets sur cette route.
Vous avez collaboré avec la maison de joaillerie Boucheron, pour laquelle vous avez monté une installation dans la boutique place Vendôme. Quel est votre rapport au luxe ?
Le luxe sont les seuls clients à faire travailler des artisans français, je n’aime pas les discours démagogiques qui utilisent des objets jetables fabriqués en Chine…
![Mathias Kiss_bureau](http://www.lofficielmode.com/wp-content/uploads/2016/03/Mathias-Kiss_bureau.png)
Cet article 5 questions à Mathias Kiss est apparu en premier sur L'officiel de la mode.