Inauguré le 22 septembre 1927 par Emmanuel Martinez, le célèbre palace de la croisette a connu son lot de péripéties, sans jamais perdre de sa superbe.
Intuitif, Emmanuel Martinez anticipa les besoins de la haute société qui au lendemain de la première guerre mondial aspirait à se divertir et goûter aux joies du repos dans les stations balnéaires huppées. Idéalement située en bordure de la méditerranée et doté d’un climat doux, la petite ville de Cannes attire depuis le milieu du 19ème l’aristocratie anglaise. Parfais écrin pour l’hôtel qui portera son nom, il rachète la Villa Marie-Thérèse au prince Alphonse de Bourbon ainsi qu’un terrain attenant avec vue imprenable sur la baie. L’architecte Charles Palmero édifie en lieu place de la villa un palais de sept étages dont il recouvre la face de marbre, granit et mosaïques précieuses. Tout aussi fastueux à l’intérieur, le palace art-déco accueille la haute aristocratie et les vedettes de la belle époque pour des diners de gala mémorables. Mais bientôt la grande crise de 1929 aux Etats-Unis suivie de l’arrivée de la seconde guerre mondiale sonneront le glas de cette époque de luxe, d’oisiveté et d’insouciance.
Durant l’Occupation, le palace est en partie réquisitionné par l’armée française, italienne et enfin allemande. « Fortement endetté, Emmanuel Martinez a des relations d’affaires durant six mois avec Mandel Szkolnikoff, intermédiaire des nazis qui veulent racheter des palaces français et en faire un grand groupe hôtelier sous le contrôle d’Hermann Göring ». Soupçonné de collaboration avec l’ennemi, le flamboyant Martinez est condamné à 20 ans de travaux forcés avant d’être innocenté par la cours d’Appel de Lyon en 1949. Placé sous séquestre à la Libération, l’hôtel a été géré par l’Etat avant d’être revendu en 1981 au groupe Taittinger qui le cède par la suite. Souhaitant restauré l’honneur de son père et récupérer le fruit de son travail, l’héritière Martinez s’estimant « spoliée » mène depuis 60 ans un combat sans relâche avec la justice. Cette sombre histoire nourrit encore aujourd’hui une vive querelle juridique entre l’Etat et la fille de l’ancien propriétaire. Alimenté depuis 2013 par un fond qatari et exploité par le groupe Hyatt, l’institution est renommée Grand Hyatt Cannes Hôtel Martinez. 
Ayant malgré tout conservé une réputation intacte, le Martinez accueille plus que jamais les vacanciers en quête de luxe calme et volupté, et son nom reste intimement lié au festival de Cannes. Les célébrités venues des quatre coins du monde y élisent domicile durant la quinzaine, ainsi que les grandes maisons, qui transforment les suites en salon d’essayage. Choyés dans l’une des 409 chambres que compte l’hôtel, les membres du jury peuvent également profiter de la célèbre plage privée, du spa et de la cuisine du Chef étoilé Christian Sinicropi. Il se murmure que durant toute la durée du festival, 250 kilos de foie gras, 100 kilos de caviar et 500 langoustes seront consommés pour satisfaire les 20.000 privilégiés qui pourront s’attabler à « la palme d’or ».
Constance Assor
Cet article Success Story : le Martinez est apparu en premier sur L'officiel de la mode.