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Paris Internationale

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Joseph Tang_2La 2e édition de Paris Internationale affirme sa position

Alors que la Fiac annonce pour la 43e édition qui vient de s’achever “des ventes exceptionnelles et une audience record”, Paris Internationale – tenue également du 19 au 23 octobre –, renforce son image de foire alternative de qualité. Les quatre niveaux de l’hôtel particulier du 51, avenue d’Iéna, ex-demeure du philanthrope Calouste Gulbenkian, ont accueilli cette année 61 participants (54 galeries et 7 espaces non-profit), issus de 21 pays, de même qu’une série de conversations autour de la création contemporaine actuelle proposées par la Fondation d’entreprise Ricard. L’Officiel Art a rencontré Silvia Ammon, codirectrice avec Clément Delépine de Paris Internationale, et Joseph Tang, galeriste.

Propos recueillis par Yamina Benaï

 

L’Officiel Art : Née en 2015 de la volonté de cinq galeries – Crèvecœur, High Art, Antoine Levi, Guillaume Sultana, à Paris, et Gregor Staiger, à Zürich – Paris Internationale pour sa deuxième édition confirme le point de vue original qui a séduit exposants et public dont la présence et la fréquentation se sont accrues cette année. Quels sont les principaux traits de l’identité de la Foire ?

Silvia Ammon : Tout d’abord, je souhaite préciser que Clément Delépine et moi-même nous nous complétons bien : il a un profil plus curatorial, il a notamment passé quelques années au Swiss Institute à New York et a travaillé en galerie à Chelsea. Pour ma part, j’ai dirigé la galerie Praz-Delavallade durant plusieurs années. Nous avons une bonne connaissance et expérience de l’économie particulière des galeries, et des problématiques liées à la défense des artistes qu’elles exposent et représentent. Paris Internationale a réellement été pensée par des galeristes, pour les galeries. C’est une histoire d’amitié et de volonté commune, un projet qui, bien que réfléchi, a été porté par une grande spontanéité. Les statuts de notre association à but non lucratif ont ainsi été enregistrés le 20 août 2015 pour une inauguration de la Foire le 17 octobre suivant. Malgré ce calendrier très serré, nous avons, dans cet élan, réalisé une très belle première édition. Et lorsqu’on nous pose (souvent) la question des raisons de notre succès, je réponds qu’elles résident dans les exposants qui nous ont témoigné leur confiance dans le montage du projet en très peu de temps, et qui ont renouvelé leur intérêt cette année.

Quel esprit a prévalu à Paris Internationale dès la première édition ?

Une pensée guidée par les artistes : ce facteur était important. Il fallait sortir des structures de foires un peu standardisées et corporate. Nous avons ainsi fait le choix d’investir un édifice patrimonial, une architecture différente, typiquement parisienne, à distance du white cube neutre. Après avoir installé la Foire au 45, avenue d’Iéna en 2015, d’heureuses circonstances ont permis que la 2e édition se déroule à quelques numéros de cette même avenue. En choisissant cette typicité de lieu on inscrit une identité que l’on va maintenir dans le futur. Un espace qui est une véritable maison, avec des portes, des fenêtres, un contexte physique qui attise la curiosité du visiteur. L’an dernier, le bâtiment était assez défraîchi, ayant fait l’objet d’utilisations successives (demeure privée, banque d’affaires, cabinet d’avocats…), des résidus de ces différents usages, tels que faux-plafonds, grillages, offraient des notes trash dans un très beau bâtiment XIXe. Cette année, l’ex-hôtel particulier de Calouste Gulbenkian, occupé jusqu’en 2011 par la Fondation éponyme de ce grand homme d’affaires et collectionneur, présente un vrai patchwork d’ambiances. Du sous-sol au dernier étage, on retrouve la structure et la hiérarchie sociales de l’époque avec les chambres des domestiques, l’office et les escaliers de service carrelés, en passant par les salles de bains de marbre, les chambres lambrissées, et les vastes salons de réception… Tous ces “décors” ont constitué des contextes différents que nos exposants ont largement mis à profit pour mettre en scène les œuvres. D’une quarantaine d’exposants en 2015, nous sommes passés à une soixantaine cette année. Nous n’avions pas particulièrement de désir d’extension, mais le bâtiment nous permettait d’accroître le nombre de galeries. Nous ne nous interdisons pas l’an prochain, suivant les spécificités du prochain bâtiment, de réduire le nombre d’exposants. A mon sens, soixante constitue le nombre maximum d’exposants pour maintenir un rythme de visite agréable et l’atmosphère intimiste que nous recherchons. Facteurs qui permettent aux collectionneurs – dont nous avons l’opportunité d’attirer l’attention, – de circuler de façon efficace mais plaisante.   

Quelle a été la fréquentation des collectionneurs et décideurs ?

Les directeurs de musées et d’institutions, ainsi que les collectionneurs ont été très présents dès la première édition. Nous sommes également très heureux d’être parvenus à attirer de nouvelles galeries très intéressantes, et nous sommes touchés par les marques de sympathie ainsi que les compliments qu’ont exprimé les jeunes artistes français. C’est un retour qui nous encourage à poursuivre notre travail, car c’est aussi en faveur des jeunes artistes que nous avons mené cette initiative. Il y avait, à Paris, non seulement la place pour mener à bien un projet de cet ordre là, mais aussi la nécessité pour les galeries et pour une génération d’artistes.

Comment procédez-vous pour la sélection des galeries ?

Contrairement aux grandes foires, nous ne sollicitons pas de candidatures sur projet qui, à notre sens, impliquent des conditions trop restrictives interdisant, notamment, le réaccrochage durant la semaine de la foire. Nous fonctionnons par invitation, chacune des cinq galeries fondatrices réfléchit à une liste idéale, nous menons une réflexion commune, débattons et votons. Les galeries sont invitées sur la qualité de leur programmation, le travail développé sur la durée, une certaine vision. Une fois qu’elles ont accepté, nous leur donnons carte blanche. Il s’agit de personnes dont on respecte le regard, essentiellement à la tête de jeunes galeries, contribuant à faire connaître des artistes émergents mais pas uniquement. En effet, nous convions également des galeries plus établies que l’on voit rarement ou jamais à Paris, comme la 1301PE Gallery de Los Angeles, fondée il y a une vingtaine d’années mais dont c’est la première participation à une foire. A l’instar de galeries établies telles Shane Campbell (Chicago), Tanya Leighton (Berlin), ou encore Green Art Gallery de Dubaï.

Quel bilan dressez-vous de ce 2e acte ?

C’est une très belle édition : riche d’une variété d’approches, de médiums, de points de vue. De façon générale, nous avons été heureux d’observer la représentation des jeunes artistes français sur les stands de galeries étrangères : des œuvres de Jean-Marie Appriou chez Jan Kaps, de Caroline Mesquita chez Union Pacific, de Marie Angeletti chez Carlos Ishikawa… La fréquentation d’un public qualifié de connaisseurs s’est largement consolidée. Cette amplification en termes de visibilité nous incite à conserver le naturel et la spontanéité qui sont notre signature, à travers un esprit de simplicité et d’accueil. Nous travaillons d’ores et déjà à une troisième édition !

5 Temps forts de Paris Internationale 2016 par Silvia Ammon

Bureau des Réalités, Bruxelles :
“Un des espaces non-profit invités à la foire, qui a choisi de présenter le travail de l’artiste belge Guy Mees (1935-2003), figure centrale de la scène anversoise de l’après-guerre.”

Château Shatto, Los Angeles :
Cette toute jeune galerie californienne a elle aussi axé sa présentation autour de deux personnalités nées dans la première moitié du XXe siècle : la peintre néerlandaise Jacqueline de Jong (née en 1939), et le philosophe français Jean Baudrillard (1929-2007), présent avec trois photographies réalisées dans les années 1990.”

Jan Kaps, Cologne :
Cette jeune galerie venue de Cologne a fait le choix de présenter deux artistes : le Suisse Tobias Spichtig et Jean-Marie Appriou, jeune artiste français (né en 1986), dont les sculptures en fonte à la poésie bien particulière sont actuellement très remarquées.”

Antoine Levi, Paris :
“Une présentation de groupe qui joue sur la théâtralité et la confusion, laissant même à penser qu’il pourrait s’agir d’un même artiste. Une œuvre sur papier aux lignes matissiennes de Ola Vasiljeva fait face à un dessin sur soie de Zoe Williams. Sont également présentées une photographie vintage de Luigi Ghirri et une pièce in situ de l’artiste américain Sean Townley.”

Max Mayer, Düsseldorf :
“Cette galerie allemande n’avait jamais exposé en France au préalable, et prend un véritable risque en choisissant de présenter le travail vidéo ambitieux de Melanie Gilligan, medium relativement peu montré dans les foires.”

Galerie Joseph Tang, Paris.

L’Officiel Art : Qu’est-ce qui vous a incité à participer à Paris Internationale ?

Joseph Tang : Cette manifestation répond vraiment à une vague de foires indépendantes appelées à créer une énergie complémentaire. Ces foires indépendantes existent à New York, à Bruxelles, à Londres, à Miami, avec Nada par exemple, mais à Paris, cela manquait. Ici, on se trouve sur un circuit jeune, dynamique, cohérent, porteur d’une réelle énergie. A mon sens, il est important de défendre ce type de foire. J’y ai retrouvé les collectionneurs, les directeurs de musées… ils sont venus en nombre. Avant Paris Internationale, plusieurs tentatives ont été faites mais elles n’ont pas abouti car trop éloignées des réelles attentes et besoins des galeries. Le mot audace vient spontanément en tête pour qualifier cette foire, elle est une concentration d’énergies auxquelles chacun, organisateurs exposants et visiteurs, participe, de même que le bâtiment très atypique. Je souhaite vivement que, dans le futur, d’autres édifices offrent un tel écrin. Tous, nous devons faire au mieux pour accueillir cette richesse internationale à Paris.   

parisinternationale.com

 

Agustina_1

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