Mick Jagger s’y est marié, Louis de Funès y a fait sa demande en mariage, Michel Polnareff et Gilbert Beco s’y disputaient un piano, tandis que Daniel Angeli y faisait la fête jusqu’au petit matin, laissant derrière lui des centaines de photos d’anthologie. Le Byblos, hôtel mythique de St Tropez, se prépare à fêter ses 50 ans, et ne se lasse pas des petites anecdotes du passé qui ont fait son succès. État des lieux.
Par Karen Rouach
Tout est parti d’un délire entre amis. D’une discussion sur le port de Byblos, au Liban, entre deux amis d’enfance : Jean Prosper Gay-Para et Sydney Bouhanna. Le premier fait part au second de son amour pour Brigitte Bardot, qu’il rêve de rencontrer. Celui-ci lui suggère, à moitié sérieux, de lui offrir une sorte de Palais des 1000 et Une Nuits à St Tropez. Jean Prosper Gepara, businessman et jet-setteur, amateur d’art et de femmes, prend la blague de son ami au pied de la lettre. Il s’embarque alors dans la construction du Byblos, hôtel qu’il ne veut surtout pas appeler hôtel, en espérant bien sur rencontrer son idole.
Après des années de travaux, le fameux palais ouvre ses portes en mai 1967, avec une boîte de nuit sous sa piscine, « Les Caves du Roy ». Mauvais timing, la guerre des 6 jours éclate deux mois plus tard au Liban : Jean Prosper Gay-Para souhaite rester près de sa famille et ses affaires, et met alors le Byblos en vente. Il a juste eu le temps d’aller au bout de son rêve et de demander à Brigitte Bardot d’en être la marraine.
À l’époque, les gens ne connaissent pas St Tropez, personne ne veut de cet ovni construit sur un coup de tête. Jean Prosper Gay-Para désespère et finit par frapper sans conviction à la porte de l’homme d’affaires Sylvain Floirat (grand père du propriétaire actuel du Byblos). Celui ci le reçoit par courtoisie, car ils ont un ami commun, et lui fait une proposition tellement dérisoire qu’il n’imaginait pas une seule seconde hériter de l’hôtel. Jean Prosper Gay-Para accepte. La fête peut commencer.
Luxueux mais pas guindé, le Byblos est dans les années 70/80 l’endroit où il faut être vu. Mick Jagger y épouse Bianca Perez en 1971, les acteurs des gendarmes de St Tropez y résident pendant les tournages, Louis de Funès y a fait sa demande en mariage par télégramme (« veux-tu m’épouser ? Si oui, rejoins moi au Byblos avec les enfants »!). Gilbert Beco et Michel Polnareff, des habitués, s’y retrouvaient chaque été avec leurs amis. Le matin, ils se battaient pour avoir le piano : c’était à celui qui se levait le premier. Il se dit également que certains clients dévalaient en moto les escaliers qui menaient à la réception…
À la grande époque également, tout le monde prenait l’apéritif dans la piscine, car le bar était juste au dessus. Le barman, Aldo, avait monté un système de cannes à pêche, et envoyait les commandes aux clients de cette manière, avant de les plumer au Backgammon. Ce fameux bar est aujourd’hui devenu une Suite, la « show off » : comme son nom l’indique, elle invite à la frime, bien que ce ne soit pas du tout le genre de la maison. Celle ci sera d’ailleurs redécorée par une célèbre maison de mode italienne à l’occasion des 50 ans du palace.
Comme un bon vin, le Byblos vieillit bien. Aujourd’hui, le palace compte pas moins de 50 suites, donc 9 ont été intégralement rénovées et repensées cette année. La plus grande, surnommée « l’Appartement », se compose de plusieurs chambres avec terrasses ensoleillées, et donne l’impression d’être comme à la maison. Les Caves du Roy ne désemplissent pas, et une application a été spécialement crée pour l’hôtel, permettant d’accéder à un service de conciergerie 24h/24.
Pour le Rivea, restaurant orchestré par Alain Ducasse, c’est Vincent Maillard que l’on retrouve aux fourneaux, avec une carte méditerranéenne exceptionnelle. Gnocchi à la sauge, loup sauvage, agneau de Sisteron, pizzetta à la truffe d’été, ou encore homard bleu font un sans faute. Et avec la complicité du nouveau directeur de l’hôtel Stéphane Personeni, le chef invite certains fidèles clients à prendre un verre en cuisine, sur le billot, juste avant de dîner. Depuis peu, il dévoile également ses secrets, à travers des cours de cuisine, qu’il donne à son retour du marché de la Place des Lices chaque mardi et samedi matin.
Quand au Spa, lieu de paix et de bien-être, il propose des soins spécialement créés par la marque Sisley Cosmetics. À l’ordre du jour, le soin à la rose « phyto-aromatique jeunesse repulpant », un véritable voyage de douceur qui défatigue le visage, lisse les traits et révèle l’éclat de la peau.
Pour ses 50 ans l’année prochaine, le Byblos prévoit bien sur une immense fête mais aussi des partenariats avec des marques de luxe. L’occasion de dire merci aux fidèles clients, certes avec des cernes sous les yeux mais surtout pleins d’inoubliables souvenirs.
Le Byblos, Saint Tropez. 20 Avenue Paul Signac, 83990 Saint-Tropez. 04 94 56 68 00. www.byblos.com
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