Cinq visages résument les ingrédients d’une jeunesse qui se construit sur l’héritage des années 90.
Par Jean du Sartel-Heintz
![unnamed](http://www.lofficielmode.com/wp-content/uploads/2016/02/unnamed2.jpg)
Le Gucci gang c’est cinq jeunes filles nées dans des années 2000, flambées aux années 90. Nous avons affaire à un crew, un vrai, comme Harmony Korine ou Gregg Araki aiment représenter dans leur filmographie respective, mais avec toute la subtilité et le style si particulier qu’une version française imposerait. A les entendre parler, on imagine facilement qu’elles sont gavées aux images de Larry Clark période Kids, aux bandes-son de Doc Gyneco – avant sa traversée du désert- , le tout en baggy Lacoste, l’original, pas la contrefaçon.
Angelina, Crystal, Thais, Annabelle, Eleonore : des filles presque nostalgiques d’une époque qu’elles n’ont pas connu, qui se sont retrouvées ensemble sur les bancs des collèges de l’est parisien. De l’énergie à revendre, des références cools et pointues, une dégaine assurée, un naturel désarmant. Rajoutez à la recette du succès leur insolente beauté, quelques contrats dans des agences de mannequins junior, une fascination pour l’image (Crystal filme les moindres faits et gestes de la fine équipe), des parents cinéastes ou producteurs, et une sévère envie d’en découdre avec la routine. Non madame, ça ne court pas les rues.
Après les nineties, le déluge affirme sans complexe ce groupe de meilleures copines rassemblées devant nos caméras, le temps d’une journée d’interviews croisés.
Le propos est peut-être passéiste, mais sévèrement lucide pour cette -si jeune- bande. La mode, la musique, le cinéma, tout y passe pour appuyer l’hypothèse : Les idées neuves sont rares, la mode par exemple, en terme de tendances, ne fait que recycler ce qu’elle a proposé il y a une, deux, trois décennies. Rien de nouveau sur les catwalks, sauf peut-être en matière de consommation et de communication, le digital est passé par là…
Nos héroïnes modernes sont d’ailleurs installées front-row sur la scène instagram, le réseau star de partage d’images.
Ainsi, quelques milliers de curieux suivent leur quotidien de lycéennes en selfies sans-filtre-et-sans-retouche, qui ont le post juste et spontané : ici une scène de film rare donc culte, là un détail d’un top moumouté rose bonbon et un mot d’amour, demain un selfie grimé en Nathalie Portman période Léon de Luc Besson (1994), regard mi-naïf mi-insolent, hier un hommage à Ziggy Stardust, forcément. Quinze ans et déjà tout compris au monde merveilleux de google images et du smartphone confident.
Elles sont à elles cinq la synthèse d’une adolescence enthousiaste et curieuse de tout, urbaine, pressée et surconnectée, devenue control-freak de son image et de son goût certain, sans vraiment savoir de quoi sera fait demain, pourvu que ce soit cool #2016baby
Gucci Gang un film d’Alexandre Silberstein, en ligne sur 1stant.fr
De gauche à droite Annabelle (@annabfrr), Angelina (@angelinaworeth), Crystal (@crystalmrr), Thais (@thaisklapisch), Eleonore (@eleonorebos)
Photo: Jean du Sartel-Heintz
Stylisme: Christine Lerche
Hair & make-up: Isis Moënne-Loccoz
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