Décorateur et créateur de génie, Vincent Darré enchante le tout Paris avec son esthétique surréaliste. Et personne mieux que lui ne pouvait signer les chambres du nouvel hôtel Montana, 6 suites pensées comme des appartements d’artistes, où s’entremêlent inspirations dada, mobilier rétro et pièces uniques. Des cachettes d’un luxe rare, accessibles uniquement par le club et le nouveau restaurant, justement baptisé La Gauche Caviar. Rencontre avec le dernier dandy parisien.
Propos recueillis par Eugénie Adda
Vous signez avec le Montana vos premières chambres d’hôtel. Quel a été le concept de départ ?
C’est quelque chose de très nouveau pour moi. Je l’ai pensé plutôt comme un hôtel particulier. Avec l’architecte Elisabeth Lemercier, qui a imaginé cette façade noire, on voulait donner l’impression d’un immeuble dont les étages seraient habités par des personnes totalement différentes. Je trouve la déco des hôtels trop uniforme, quelle que soit la ville où ils se trouvent. Là je voulais qu’on se sente vraiment à Paris, comme si des touristes américains découvraient les appartements d’un excentrique parisien. Chaque suite a son identité visuelle, inspirée de grandes figures parisiennes comme Gainsbourg ou Cocteau.. Je n’avais jamais fait un projet pareil, ça fait 4 ans que j’y travaille.
Vous puisez vos inspirations dans des courants aussi différents que le baroque, le surréalisme ou le punk. Comment parvenez-vous à concilier toutes ces influences ?
J’ai l’impression d’avoir eu beaucoup de vies. Je mélange ce que j’ai pu voir dans mon enfance, mon adolescence, ma jeunesse et ma vie actuelle. Je rencontre aussi beaucoup de gens qui m’inspirent. Je travaille par références mais sans mémoire des noms. Je ne fonctionne qu’avec des images. C’est comme si ma tête était remplie de polaroids et que les oeuvres me revenaient lorsque j’ai une idée, mais ce n’est qu’après que je peux mettre un nom sur un artiste. J’ai une culture mais pas de mémoire. Je pense que mon style vient de là.
En concevant les suites du Montana, aviez-vous en tête un client idéal ?
Le Montana avait déjà ses habitués, dont Olivier Zahm ou Kate Moss. Ce ne sont pas les clients qu’on trouve d’habitude dans les hôtels de luxe, ils viennent plus des milieux mode et underground, de villes comme Londres ou Los Angeles. Ce sont des gens aisés mais qui aiment s’amuser. Ils n’iraient pas dans des établissements conventionnels, ils recherchent une expérience différente. Là, on accède aux suites par la boite de nuit, c’est déjà quelque chose d’unique.
Comment s’est effectué le choix des meubles ? Ont-ils été chinés, en avez-vous conçus avec votre marque Maison Darré ?
C’est un mélange de tout. Les têtes de lit et les tables de nuit ont été dessinées spécialement par Maison Darré, mais j’y ai ajouté des meubles d’anciennes collections. On trouve aussi des pièces vintage que j’ai chinées un peu partout depuis 4 ans, aux puces de Paris ou en province pendant mes vacances. Les moquettes ont été créées sur demande par Codimat, avec trois imprimés déclinés pour chaque suite dans des couleurs différentes. Sur les murs, j’ai demandé à l’atelier Poulaillon de recréer des fresques à partir de mes dessins.
Parlez-nous de la Gauche Caviar, nouveau restaurant du Montana..
J’ai adoré le nom ! Je me suis beaucoup amusé pour la déco. Le papier peint est une édition spéciale, il a été utilisée sur un shooting pour L’Officiel, avec Olivier Zahm. C’est une bibliothèque, en un hommage aux intellos un peu rock n roll de Paris, la vraie gauche caviar. Les chaises sont des fauteuils en forme de silhouette, comme pour donner l’impression que le resto est plein, même quand il n’y a personne.
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