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Rencontre : Nicolas Ouchenir expose ses portraits-signature

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Nicolas-OuchenirÀ l’heure où le clavier semble avoir définitivement remplacé le stylo, Nicolas Ouchenir passe ses  jours – et parfois ses nuits – à écrire des lettres d’amour sur commande ou bien des noms sur des cartons d’invitations. Et s’est fait connaître ainsi. Pour changer, il dévoile cette semaine chez Colette sa toute première collection de portraits-signature, dans une étonnante exposition où se mêlent naturellement écriture et littérature.

Par Karen Rouach

 

Nicolas Ouchenir en a assez de raconter comment il en est arrivé là. Du coup, c’est Pia de Brantes, sa voisine de bureau, qui s’en charge pour lui. “Il était tout jeune, il travaillait pour la galerie de Jean Gabriel Mitterand. Une nuit, il s’est mis à écrire les noms des invités pour un évènement à la galerie. Les gens ont adoré. Ça a commencé comme ça, sur son temps libre, jusqu’à qu’il quitte la galerie pour ne se consacrer qu’à ça.”.

En 12 ans, le bouche à oreille n’a jamais cessé. Nicolas Ouchenir, l’hyper bobo de Ménilmontant, devient le petit snobisme de (presque) toutes les grandes maisons de luxe, Louis Vuitton en tête. Il ne compte pas mais pense écrire entre 20 et 30 000 invitations par fashion week. “On peut facilement penser que c’est un métier rébarbatif, mais la calligraphie c’est comme la danse, en pratiquant tu découvres forcément de nouvelles choses. Un nouveau “e”, un nouveau “k”…”. Jeune, drôle et mondain, il casse l’image que l’on pourrait se faire du calligraphe : vieux, solitaire, mystérieux. Et à l’inverse de ses quelques confrères, il n’a pas une écriture parfaitement étudiée. “Ils écrivent très bien, mais justement un peu trop bien, sans aucun défaut. Du coup, je trouve que ça n’a pas vraiment de charme. L’écriture imparfaite va faire que l’invité va se sentir personnellement invité par quelqu’un, et non pas par un ordinateur.”.

Tout l’intérêt de la calligraphie réside en effet là-dedans. Malheureusement, cet art se perd. “Il y a quelque chose de générationnel dans l’écriture”, explique Ouchenir. “Jean Jacques Picart et Christian Lacroix écrivent encore très bien, et nos grands parents prennent encore la peine de former les lettres et les majuscules.”.  Même s’il ne croit pas en la graphologie, il assure pouvoir déterminer la nationalité et l’âge d’une personne selon son écriture. Par exemple, les américains sont dans la prise de note, se contentent du strict minimum pour se faire comprendre, tandis que les français s’appliquent, même sur un chèque. Des fautes d’orthographes ? “Rarement”, assure l’homme au métier désuet. “Il m’arrive de me tromper sur les chiffres, mais rarement les lettres. J’ai juste un peu de mal avec le nom de famille Krzentowski. Un jour, Didier Krzentowski, de la galerie Kreo, m’a appelé pour me demander : “que puis-je faire pour que vous écriviez correctement mon nom ?” J’étais mal…”.

Il y a 3 ans, il rencontre Thomas Erber, qui travaille alors sur son premier cabinet de curiosités chez Colette. Celui-ci l’appelle et lui demande de créer quelque chose signé de ses mains et qu’il pourrait exposer. À ce moment là, Nicolas Ouchenir est alors en plein dans un livre, et s’arrête sur une phrase qui lui fait justement penser à Thomas. Il la garde et tire son portrait, le fait encadrer, et se dit que ce serait génial d’en faire une série.  “Ce que j’aime, dans la calligraphie, c’est que j’ai l’impression de parler à quelqu’un. Là, avec les portraits, ça va encore plus loin : je mets directement la signature dans les gens”, explique-t-il.

Ainsi, Marie Agnès Gillot hérite par exemple de “Il n’y a que ta nudité pour te voiler”, Melanie Huyn de “Plus t’es splendide plus t’es lucide”, Carine Roitfled de “S’il était possible d’appeler une comète comme un animal : ou une brassée de parfum”. L’idée n’est pas forcément de portraitiser uniquement les gens qu’il connaît, mais simplement des personnes qu’il aime, pas forcément connues, avec un point commun : ils sont tous loyaux. Il en livre 20 pour Colette à Paris, et a pour objectif d’en exposer 20 autres à New York, 20 autres à Londres… “Quand je suis dans un livre et que je tombe sur une phrase qui me fait penser à quelqu’un, paf, je lui tire son portrait.  Je vais en faire 100, et il va falloir que les gens voyagent pour aller les voir ! ».

En attendant, il passe souvent chez Colette (en face de son bureau) pour écouter les réactions des gens face à son travail . « C’est super bizarre, les gens m’imaginent ailleurs. Je fais des logos, des chartes graphiques, des identité visuelles… Et là, d’un coup, il y a une interaction, comme quand je fais mes ateliers. Tu regardes les gens qui regardent ton travail, et s’ils voyagent, c’est gagné.”.

“Portraits-signature”, jusqu’au 18 juillet 2015 chez Colette, 217 rue St Honoré, 75001 Paris.

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